Eté 2008, l'équipe d'Helicomontagne a pu suivre
un étonnant ballet aérien dans le Valais Suisse
dû au sulfatage de vignes. Nous n'avons pu
résister à la tentation de partager cette
expérience avec les visiteurs de notre site.
C'est tout naturellement que nous nous sommes dirigés vers
la société Air Glaciers qui s'occupe du
traitement des vignes sous le nom de Trans Heli. Leur
réputation n'est plus à faire dans le domaine du
sulfatage des vignes et des arbres fruitiers puisqu'ils œuvrent dans
ce domaine depuis le début des années 80.
En
début de saison
la société équipe un seul
hélicoptère Lama afin de traiter les abricots
(courant
mars-avril selon les conditions météorologiques).
Mais
dès la mi-mai cinq hélicoptères du
même type
sont réservés au traitement des vignes et se
répartissent les parcelles à traiter. Le travail
se
prolongera jusqu'à la mi-août (ce qui correspond
à
environ 100 jours du début des vendanges afin
d'éviter
les résidus dans le vin).
Le
Lama est à son aise dans ce type de travaux, de par son
rapport Poids/Puissance et sa maniabilité plutôt
appréciée des pilotes.
Caractéristiques du Lama SA 315 B
|
Aérospatiale
SA 315 B Lama
Hélicoptère polyvalent
dérivé de l'Alouette II
Premier vol le 17 Mars 1969
5 places avec le pilote compris
Moteur
:
Turbomoteur Turboméca Artouste IIIB de 649 kW (870 ch)
Performances:
Vitesse
maximale: 210 km/h
Vitesse maximal
équiper épandage: 140 km/h
Vitesse ascensionnelle
initiale: 330 m/mn
Plafond
pratique:
5 400 m
Plafond en vol
stationnaire
avec effet de
sol:
5 050 m
Distance franchissable
maximale: 515 km
Masses:
A
vide:
1 020 kg
Maximale au
décollage:
1 950 kg
Avec charge sous
élingue:
2 300 kg
Dimensions:
Diamètre du rotor
principal: 11,02 m
Longueur rotor
tournant:
12,92 m
Hauteur:
3,09 m
Surface du disque du
rotor
principal:
95,38 m2
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Intérieur du Lama
SA 315 B Air Glaciers HB-XTO
|
L'hélicoptère
est équipé de réservoirs additionnels
installés contre la cellule, derrière le pilote,
de chaque côté du réservoir de
combustible.
La
contenance de ces
réservoirs additionnels est d'environ 1000 litres mais ces
derniers ne sont remplis qu'à moitié car
le poids
maximal admis sur les patins est de 1950 Kg. Donc le Lama
à vide pèse à peine plus de 1000 Kg
.Mais lorsque l'on cumule le kérosène , le poids
du
pilote et l'installation du matériel de traitement , les
1950 Kg sont atteints (Il faut environ 3 minutes pour le
remplissage des réservoirs)
Les
perches de
pulvérisation dépassent de chaque
côté de la
machine et font environ 4.50 mètres de long chacune ce qui
leur
confère une envergure frôlant les 9
mètres. Mais
l'ensemble des rampes reste dans le diamètre rotor. La rampe
totale
représente 50 buses céramiques reparties
de chaque
côté et en dessous. La pression dans les rampes
est de 3.2 bars
et alimentée par deux moteurs électriques
centrifuges.
Le pilote possède aux commandes deux vide-vite (Dumps)
électriques situés
sous les réservoirs et un vide-vite mécanique
dans le tube central
(cross-tube). Cela permet de vider la totalité du produit en
3-4
secondes en cas de nécessité.
Le
matériel de pulvérisation ( Pompes + Perches +
Réservoirs ) demande une journée de travail pour
son montage et une demi-journée de réglage.
Voilà pourquoi les Lama ne sont dédiés
qu'à la seule tâche de sulfatage durant
l'été.
Le produit de traitement n'est pas toxique puisque c'est un produit de
type "fongique" c'est-à-dire contre les champignons. Il a
donc
une visée préventive plutôt que
curative , sa
classe de toxicité est NULLE . En Suisse , il est
strictement interdit
de mettre de l'herbicide ou de l'insecticide dans un
hélicoptère. Le
produit est brassé et préparé par un
professionnel de la société qui
fournit le produit.
La
journée
commence tôt. Le rendez-vous est pris en ce début
de mois
de juillet à 5h du matin , à la base Air Glaciers
de
Collombey. Un assistant de vol prépare le
matériel
tandis que j'accompagne le pilote et l'autre assistant dans
une
clairière éloignée de la ville, dans
une zone
industrielle d'où nous
décollerons sans occasionner la moindre
gêne aux
habitations environnantes.
30
minutes plus tard nous pouvons commencer le travail. Nous passerons la
matinée à Chardonne dans la région du
Léman à mi-chemin entre Lausanne et Montreux.
Le
deuxième assistant de vol venu en camion avec le
matériel est déjà sur place
et s'est mis à l'oeuvre. Les responsables de la
parcelle à traiter sont là aussi.
Premier
remplissage des réservoirs suivi d'un test de
pulvérisation et c'est parti pour une rotation de 10 minutes.
Pendant
les rotations, les assistants de vol ainsi que les responsables de la
parcelle préparent une nouvelle tournée de
traitement dans une cuve en attendant le retour du Lama.
Lorsque
le Lama revient, pas une seconde à perdre: "la manoeuvre est
bien rodée". Tandis que l'un des assistants s'occupe de
refaire le plein de carburant et de produit de traitement l'autre
s'occupe de vérifier la mécanique et de mettre un
coup de chiffon sur les bulles de la cellule.
Les pleins
sont faits, la
visibilité est bonne : c'est parti pour un tour de
manège!
Une
fois l'hélicoptère en l'air, ça va
vite, très vite. Difficile de lui courir après,
surtout avec la typographie de la région.
Vivez le sulfatage à
travers ces vidéos
Vidéo
1
Réalisation Jean Etienne ALLET pour MAKILA Vidéo
( http://www.makila.info/
)
Vidéo
2
Réalisation
Yannick BARTHE pour Aeromedia Concept
( http://www.aeromedia-concept.ch/index.htm
)
Toute
la
difficulté pour le pilote réside dans la
précision
de son
sulfatage.
Les pièges ne manquent pas non plus: arbres, lignes
électriques et autres piquets d'arrosage viennent pimenter
le
travail.
Le
travail se fait
généralement entre 1.50 et 2 mètres du
sol et la
vitesse est une résultante entre le débit des
buses et la quantité de
produit à pulvériser par l'hectare. Dans le cas
du traitement de vigne par
Air Glaciers , la quantité est de 100 litres/ha donc la
vitesse est
comprise entre 50 et 55 km/h.
Le
pilote procède par bande de traitement. Des piquets sont
implantés dans les vignes avec différentes
codifications permettant au pilote de s'orienter.
|
Les piquets
à panneau blanc sont marqués d'un chiffre de 0
à 9 et permettent au pilote de se repérer dans la
vigne.
Les piquets à panneau blanc barré d'une croix
noire annoncent que la parcelle suivante n'est pas
traitée. |
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Les piquets surmontés d'un triangle jaune au
sommet renversé matérialisent une ligne
à suivre dans la vigne. Ils sont installés
à intervalles réguliers. |
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Les piquets aux triangles rouges pointant vers le haut
ont la même fonction que les précédents. |
Sous
la
pancarte blanche se trouvent la jaune et la rouge. Par exemple la rouge
N°3 se trouve sous la blanche marquée d'un 3.
Les
différentes orientations des triangles permettent
au pilote de savoir où il en est dans le traitement
lorsqu'il est à contre jour et qu'il n'est pas possible de
différencier les couleurs à cause du soleil.
Lorsqu'il
est nécessaire, la Police est présente pour
bloquer la route le temps de traiter des vignes le long de celle-ci.
Par
souci
d'efficacité, le traitement se fait dès le lever
du jour
car l'air ambiant est frais. La température ne doit pas
dépasser 25°C. Le sulfatage ne se fait pas par temps
de
pluie ou de vent ( obligatoirement inférieur a 18 km/h) car
ces conditions
météorologiques ne
sont pas propices à un bon sulfatage. Si une de ces valeurs
est
dépassée le traitement devra être
interrompu.
Une parcelle est
traitée entre 3 et 7 fois par
hélicoptère durant
la saison de traitement.
Des
papiers
révélateurs jaunes ( à base de
tournesol )sont
positionnés un peu partout dans les vignes pour permettre au
propriétaire de voir là où il y aurait
eu des
manques ou des oublis. Ce papier réagit avec le produit
pulvérisé dessus. Ainsi quand le
papier est
touché des tâches bleues apparaissent. Ils servent
aussi
à voir la dérive du produit
pulvérisé hors
des parcelles traitées par hélicoptère.
Exemple d'une
feuille de vigne avant et après passage de
l'hélicoptère
Avant
Apres
Lorsque des zones manquent de traitement,
l'hélicoptère revient plus tard avec le
propriétaire de l'exploitation pour faire le
complément.
De
nouveaux pilotes sont formés
régulièrement à la technique du
sulfatage. La formation dure environ 3 ans et représente un
peu plus de 100 heures de vol. La première année,
le futur pilote fait une première saison en temps que
passager pour voir le déroulement du travail. La
deuxième année il est en double commande avec son
instructeur en place gauche sans la commande de
déclenchement de pulvérisation et la
dernière année toujours en double commande mais
cette fois-ci en place pilote.
Les
équipes sont généralement
constituées des mêmes personnes d'une
année à l'autre, ce qui permet d'avoir une bonne
cohésion dans le groupe.
La
matinée de travail sur zone se sera
étalée de 6h du matin à 10h30 environ.
Ce
matin là, il y aura eu 62 hectares traités avec
13 rotations et pas moins de 6200 litres de produit
pulvérisé.
En comparaison un canon de pulvérisation va utiliser entre
1000 et 2000
litres d'eau pour le même travail que
l'hélicoptère .Dans les deux cas
il ne sera utilisé que 100 litres de produit à la
seul différence que
le canon utilisera beaucoup plus d'eau.
L'hélicoptère
est vraiment un atout dans ces régions où le
terrain est
accidenté avec de grandes surfaces.
L'hélicoptère permet aux
Propriétaires/Exploitants d'avoir un programme de traitement
établi et
fiable ainsi que de se reposer sur des professionnels.
Juste
le temps pour l'équipage d'avaler un casse-croûte
avec les responsables de la parcelle avant de redécoller
pour rentrer.
Une
fois de retour
à la base, l'hélicoptère va
être
entièrement nettoyé. Les pièces non
fragiles
seront lavées à grande eau au jet et les parties
mécaniques seront toutes passées au chiffon
humide et
regraissées. Cela prendra environ 2h30 aux deux assistants.
Nous
tenons à
remercier Air Glaciers et tout particulièrement Mr Christian
ROSAT et Véronique
COPPEY.
Un clin d'oeil à l'équipage pour leur sympathie
et leur
disponibilité.